Le journal d’un AssaSynth vaut-il la peine d’être lu ?

Est-ce que tu devrais lire les Murderbot Diaries (VO) ou Le journal d’un AssaSynth (VF)  ?

Absolument. Si tu aimes la science-fiction, on s’entend.

Le Cercle des écrivainEs est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ).

AssaSynth, c’est pour qui ?

Chaque novella m’a pris 3 h à lire. Et le roman m’a pris 9 h. Je lis plutôt rapidement alors peut-être que tu devrais ajouter quelques heures au compte si tu lis lentement.

La série est classée adulte, mais je dirais que, malgré les quelques sacres occasionnels, tu peux commencer à lire cette série dès 16 ans.

Tu n’as pas 16 ans et ça t’intéresse ?

Eh bien, ne t’arrête pas à ça. Je recommande 16 ans puisque les thèmes ne t’interpelleront peut-être pas autrement.

Murderbot, un résumé

La série aborde les thèmes de l’amitié, de la découverte de soi et de l’identité humaine.

On suit un personnage neutre et asexuel qui n’est pas considéré comme humain par les gens autour de lui.

Le pronom utilisé en anglais est « it », mais, puisqu’on n’a pas d’équivalent en français, je vais utiliser le masculin. Dans la VF, c’est le pronom utilisé.

Il ne se considère pas comme un humain, lui-même.

Murderbot ou AssaSynth est un construit : un mi-robot mi-humain. En tant que machine à tuer introvertie, il essaie de se tenir loin de toute situation qui l’obligerait à communiquer avec des humains, jusqu’au jour où il n’a plus le choix. Au fur et à mesure des péripéties, il rencontre plusieurs êtres conscients (robots, humains et extraterrestres) qui le traitent comme un individu. Cela l’oblige à sortir de sa zone de confort et à délaisser le monde rassurant de ses séries télé.

Il se rend compte qu’il change : il s’entoure de gens qu’il considère autrement que comme de simples clients, il développe des émotions qu’il n’avait jamais ressenties auparavant et il se met à essayer de déterminer son identité. Qu’est-il ? Et, surtout, que veut-il ?

L’univers est peu défini, mais la série est remplie de voyages dans l’espace, de technologies nouvelles et de combats épiques.

Le journal d’un AssaSynth analysé par une écrivaine

Je vais essayer de te nommer les procédés que j’ai remarqués dans la série Muderbot Diaries sans te « spoiler ». Il est bien de noter aussi que j’ai lu la série en anglais, donc certains procédés d’écriture ont probablement été perdus lors de la traduction en français.

L’univers et les personnages de Murderbot

L’univers décrit dans la série est certainement complexe, mais en tant que lecteur ou lectrice tu n’y comprendras pas grand-chose puisqu’il n’est pas expliqué.

C’est un choix d’écriture qui peut paraitre un peu bizarre au début. L’autrice a très probablement fait un gros travail de « word building » avant de commencer à écrire, mais elle n’a pas jugé nécessaire de montrer tout ce travail de création dans ses livres.

Pourquoi ?

L’impression que j’ai eu en lisant la série est que Le journal d’un AssaSynth devait être au départ qu’un seul novella indépendant.

Puisque le premier livre se déroule sur une planète coupée du reste de l’univers civilisé, expliquer le fonctionnement de la société n’était pas du tout nécessaire au-delà des informations de base : qui sont les personnages, d’où ils viennent, pourquoi ils sont là et comment leur opération fonctionne.

C’est seulement au deuxième tome que l’on commence à comprendre un peu plus comment fonctionne le monde. Ce qui me donne l’impression qu’un deuxième tome n’était pas prévu lors de l’écriture du premier.

Montre, ne dis pas

Si tu veux un bon exemple de comment réaliser le « show don’t tell » (montre, ne dis pas) dont tout le monde parle, Le journal d’un AssaSynth est la parfaite série pour ça.

On apprend des nouveaux éléments sur l’univers au fur et à mesure que Muderbot juge ces informations nécessaires pour remplir ses missions ou pour survivre. Ou tout simplement, au fur et à mesure qu’il apprend lui-même ces choses…

Il n’est pas le plus adapté à la société, disons ça ainsi.

Il n’y a pas de longues séries d’informations sur l’univers ou son fonctionnement qui sont « garrochées » à la face de la personne qui lit. Les détails sont éparpillés ici et là quand l’information devient nécessaire à la compréhension. Cela tient aussi pour les personnages.

Les descriptions physiques sont courtes et factuelles. Les informations qui nous sont transmises sont purement utiles au personnage principal pour évaluer si la personne qui se trouve devant lui est en danger ou représente un danger. Même chose pour les lieux.

Avantage : l’histoire avance vite.
Inconvénient : il est plus difficile de s’attacher aux personnages (voire de les différencier) puisqu’on en connait si peu sur eux.

La transmission du message

Quel est le message que l’on peut tirer de Murderbot Diaries ?

Son identité, on la trouve par le regard de l’autre.

AssaSynth, lorsqu’il est seul avec ses séries télé, se cherche. Il ne sait pas ce qu’il veut, alors il fait du surplace pour éviter d’avoir à choisir. Mais dès qu’il se rapproche d’autres, il se rend compte que cela ne sera plus possible parce que les autres sont plus motivés que lui à ce qu’il se définisse. Ils veulent savoir ce qu’il est, qui il est et ce qu’il veut.

Murderbot part alors en quête de soi. Il retourne dans son passé pour essayer de se comprendre en déterrant un secret bien gardé du monde et de lui-même par la compagnie qui le possédait. Mais ce sont les personnes qui l’accompagnent lors de sa quête qui l’aident davantage à définir ce qu’il veut être et ce qu’il ne veut pas être que son sombre passé.

Il réalise alors que, ce qu’il veut, là, maintenant, c’est aider ses humains. Il ne se pose plus alors la question de ce qu’il est ou de ce qu’il veut, lui, mais plutôt ce qu’il veut être pour ses humains. Et lorsqu’il est à nouveau confronté à eux, ils l’aident à se créer une identité qui lui est propre en lui donnant l’espace de se définir tout en lui faisait part de ce qu’ils voient en lui. Et c’est par ce qu’ils voient en lui qu’il réussit à trouver sa place.

Le message du j=Journal d’un AssaSynth est que, seulE et dans ton confort, tu ne peux pas trouver qui tu es et ce que tu veux. C’est par les gens autour de toi que tu peux te définir. Il y a des gens qui t’inspirent et des gens qui font le contraire 😅 Tu formes ta personnalité par opposition aux autres. Et le monde autour de toi te connait parfois bien mieux que toi-même. Mais parfois, ils ont tort et c’est à toi de leur montrer non pas par des pensées, mais par tes actions.

Les procédés d’écriture dans la série de Martha Wells

Trop de parenthèses

La série est pleine de parenthèses. Non, mais des mégas parenthèses ! Du genre, 2 paragraphes complets coincés dans une parenthèse.

Ça, je n’ai pas aimé.

Je trouvais que l’information mise dans les parenthèses était super pertinente et que de l’encadrer de la sorte n’était pas obligatoire à la compréhension. La série complète est un journal; les commentaires du personnage principal sont donc une chose normale. Selon moi, pas besoin de mettre chaque commentaire dans une parenthèse.

Si ce n’avait qu’été des parenthèses simples, j’en aurais peut-être pas fait un cas. Mais il y a des doubles parenthèses !!! Tu sais, ces parenthèses à l’intérieur d’autres parenthèses ? C’est un peu lourd.

Ça me fait penser à un tic d’écriture plutôt qu’à un effet de style. Puisque je n’ai pas lu ses autres livres, je ne peux pas confirmer. Probablement qu’il s’agit d’un tic donné à Murderbot par l’autrice. Puisque Murderbot est un perfectionniste, il veut probablement annoter encore et encore ce qu’il raconte.

Mais bon… selon moi, ça nuit à la lecture plus qu’autre chose.

« Show don’t tell »

Comme je mentionnais plus haut, Martha Wells a dépassé mes attentes par rapport à ça, le fait de montrer et non pas de dire.

Murderbot, dans le premier novella, ne cesse pas de dire : je me fous de tout (et plein d’autres variations). Plus le livre avance, plus il le mentionne. Ce qui au premier abord pourrait facilement te faire croire qu’il s’agit d’un mauvais exemple de « show don’t tell ».

En tout cas, c’est ce à quoi ça m’a fait penser au début.

Mais plus j’avançais dans la lecture, plus je trouvais que Murderbot s’intéressait aux humains autour de lui. Jusqu’à ce qu’il les appelle SES humains.

Et j’ai compris.

Il essaie de se convaincre qu’il se fiche d’eux.

Murderbot répète sans cesse qu’il se fout de ses clients, mais ses actions prouvent le contraire. Il a peur des changements qui s’opèrent en lui. Il essaie donc de maintenir le statu quo en se mentant/mentant à la personne qui lit.

Quand j’ai réalisé ça, ça a fait : wow !

En bref

Le journal d’un AssaSynth (VF) ou The Murderbot Diaries (VO) est une sci-fi qui mérite bien tous les prix qui lui ont été accordés. C’est plusieurs heures de péripéties, d’actions et d’émotions qui t’attendent. Pas besoin de sortir les papiers mouchoirs par contre, ce n’est pas émotionnel dans le sens que tu risques de pleurer. C’est plutôt touchant, dans le sens que ça te réchauffe le cœur.

Même si la série classée pour les adultes, son message a plus de chance de te toucher profondément si tu es en quête d’identité (ce qui est souvent le cas à l’adolescence).

La série est suffisamment différente de tout ce que j’ai lu jusqu’à maintenant que ça pourrait très bien être la série qui te fait tomber en amour avec la lecture si tu n’as pas encore trouvé ce qui résonne avec toi.

C’est aussi une série dans laquelle il y a énormément de représentation ! L’autrice introduit de nouveaux pronoms pour représenter un genre propre à une partie de la galaxie. Les humains ont l’option de présenter au monde comment ils s’identifient grâce à leur « carte d’identité » pour éviter toute confusion quant aux pronoms à utiliser en s’adressant à eux. Le polyamour est mentionné en trame de fond. Je pourrais continuer à donner des exemples longtemps !

Je te recommande absolument de lire la série si tu veux améliorer ton écriture. Porte alors attention aux procédés que Martha Wells utilise pour montrer au lieu de dire et comment elle inclut différentes minorités et les représente dans son monde.

J’ai bien hâte de lire le prochain tome.

Et toi, qu’en as-tu pensé ?

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