Écrire un poème qui émeut

As-tu déjà essayé de faire pleurer quelqu’un avec une carte de fête ? Ou peut-être un petit mot de Saint-Valentin ? Ou peut-être un poème pour la fête des Mères ? Moi, oui.

Volontairement, j’ai essayé. Ça n’a pas marché.

Involontairement, j’ai réussi.

Pourquoi ça ? C’est ce dont nous allons discuter.

Qu’est-ce qu’un poème ?

Un poème émerveille, émeut, fait ressentir quelque chose du moins. Des fois, on peut en être offusqué. Des fois, on peut en pleurer.

Pourquoi « l’émotion » fait-elle partie de la définition du poème ?

Un roman peut aussi faire pleurer, rire, etc. Mais ce n’est pas pareil, n’est-ce pas ?

Un poème qui ne fait remonter aucune émotion, ce n’est pas vraiment un poème. Puisqu’un poème, pour en être un, doit être vrai.

Eh oui !

Bon, je ne parle pas des images qu’il propose, mais plutôt des émotions derrières.

Pour écrire un poème, il faut lire de la poésie

As-tu déjà lu de la poésie ? As-tu aimé ?

J’adore les poèmes… anglophones. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai beaucoup de difficulté à lire les poètes francophones (si tu as des suggestions de lecture, je suis partante).

Ce que j’aime de la poésie, ce sont les frissons. La chair de poule, quand le texte résonne avec moi.

Évidemment, si tu veux écrire de la poésie, tu devrais en lire. Pour t’inspirer, pour déterminer si tu aimes quand sa rime ou pas, quand les mots sont simples ou recherchés, etc.

« Le poème, lui, commence à être lu lorsqu’on se rend compte qu’il nous coupe l’herbe sous le pied, qu’il nous entraîne aussitôt dans un lieu qui n’est pas celui de notre quotidienneté, un lieu étrange où les mots sont disposés dans un ordre quasi martial ou au contraire dans un désordre savamment organisé, où les mots disent plus, sinon autre chose que ce qu’ils racontent dans le langage courant. » — Gilles Marcotte

Mais si tu as de la difficulté comme moi avec la poésie francophone, je te recommande 12 hommes rapaillés chantent Gaston Miron vol. 1 et vol. 2. Il s’agit des poèmes de Gaston Miron mis en chanson.

Un bon poème émouvant est écrit par unE poète sincère

Tu veux savoir pourquoi tu émeus le plus quand tu n’essaies pas d’émouvoir ?

Parce que, quand tu forces, ça se sent.

« À mon sens, la poésie la plus touchante traite des expériences
de vie, de la façon avec laquelle nous sommes en contact avec la poésie du monde
et, peut-être le plus important, comment quelqu’un peut être inspiré par ce qui l’entoure, par la Nature par exemple. Une poésie émouvante ne peut être que guérisseuse. » — Emily Novalinga

Tu veux faire pleurer quelqu’un ? Commence par te faire pleurer.

J’ai braillé ma vie à la fin de l’écriture de mon dernier roman. J’écrivais et je pleurais !

Si tu pleures alors que tu sais ce qui s’en vient. Si tu pleures alors que ce sont tes propres mots. Crois-moi, quelqu’un d’autre pleurera.

Pourquoi ? Parce que tu ne pleurerais pas si ça ne te tenait pas à cœur. Si ce n’était pas vrai, si tu mentais.

La technique derrière le poème

Je te recommande d’écrire ton poème en 4 étapes :

1. Choisis ton thème.

Tiens-t’en à un thème pour commencer. Quelque chose qui te tient à cœur.

Souviens-toi d’une émotion forte que tu as vécue avec la personne à qui tu destines ce poème. Si tu écris un poème pour la fête des Mères, par exemple, pense à ta maman.

2. Fais une image.

Une image, c’est la représentation par écrit d’une expérience sensorielle. Expérience que l’on fait ensuite ressentir à son lecteur.

En gros, c’est de prendre une émotion, de la mettre en mots et de transmettre, par ces mots, la même émotion au lecteur.

3. Fais une comparaison.

Deux figures de style sont utilisées pour la comparaison : la comparaison et la métaphore. Tu les connais probablement déjà.

La comparaison utilise un élément de comparaison : comme, tel que, ainsi que, à l’égal de…

La métaphore n’utilise pas d’élément de comparaison.

Les deux créent un parallèle. Quelque chose est « comme » quelque chose d’autre. La comparaison doit être rafraichissante, originale, et juste, vraie.

Il est recommandé de rester plus ou moins près de ton thème.

Quels sont les intérêts de la personne à qui tu destines ce poème ?

Essaie de spécifier de plus en plus la comparaison. Plus c’est spécifique, plus l’effet « wow » entre en jeu.

4. Rends tes lignes musicales.

Que serait un poème sans musique ?

Savais-tu que les poèmes antiques ne rimaient pas ? En ce sens, ils se rapprochent des poèmes modernes. Les poètes de l’Antiquité donnaient à leurs poèmes un rythme. Il y avait un rythme défini pour les romans, un pour les poèmes héroïques, un pour les récits de voyage… tu comprends la logique : ils avaient développé un rythme différent pour chacun des genres littéraires.

Pour eux, le rythme, c’était la longueur et la construction des phrases. Tu connais les alexandrins ? C’est un type de vers qui demande à ce que l’on divise son vers en deux sous-vers de six syllabes chacun.

C’était exactement ça l’écriture créative à l’époque : des vers de différentes longueurs en fonction des genres. C’était très musical.

J’ai tendance à écrire comme ça. Mais j’aime aussi les rimes.

« Il va sans dire que ce que je désire est ma survie. Qu’honneur me soit fait à moi qui peux aussi bien être le bon ami que l’ennemi. Un funeste destin me hante tel le malin. Mon temps est éphémère; lentement, j’entre dans la lumière pendant que je fais mes prières. » — texte lauréat du prix littéraire de la CSDN en 2014 écrit par moi 😄 (eh oui ! ça fait longtemps que j’aime écrire)

Tu peux aussi jouer avec les allitérations et les assonances. L’allitération est la répétition de consonnes. L’assonance est la répétition de sons.

Toi, comment veux-tu rendre ton poème musical ?

Ne te censure pas

Il est facile de se censurer quand tu écris de la poésie. Après tout, plus ce que tu écris est vrai, plus c’est difficile à écrire.

Essaie de ne pas porter de jugement sur ce que tu écris.

Traite ton poème comme si tu n’en es pas l’écrivainE, s’il le faut.

En bref

Pour écrire un poème qui fait pleurer, il ne faut pas trop essayer. Concentre-toi sur le vrai : l’émotion derrière les mots. Et rends le tout joli. Un poème, c’est beau.

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